La GenAI est partout, et la fonction en charge des infrastructures et des opérations IT n’y échappe pas. La capacité de l’IA générative à appréhender le langage lui permet en particulier d’accompagner les développeurs en automatisant une partie de l’écriture de programmes, par exemple. Mais elle est aussi devenue l’outil idéal derrière l’impérieuse nécessité d’automatiser les tâches de gestion et d’administration IT, tâches devenues complexes, hybrides, gourmandes en ressources et en évolution rapide, que l’on parle logiciel, infrastructure IT ou réseau.
Le dernier Hype Cycle du Gartner sur l’automatisation des infrastructures et des opérations confirme l’importance, et l’accélération du phénomène. Selon le cabinet, près d’un tiers des entreprises (30%) automatiseront par exemple le pilotage d’au moins la moitié de leurs infrastructures réseau d’ici à 2026, soit trois fois plus qu’à la mi-2023, il y a tout juste un an. Et dès 2026, la moitié utiliseront l’IA pour automatiser l’exploitation du réseau. Cinq fois plus qu’en 2023. 30% s’appuieront également sur l’IA d’ici un an seulement pour le développement et les tests logiciels, contre seulement 5% en 2021. Juste avant l’explosion de la GenAI.
Une IA transverse à tous les outils
L’IA et la GenAI n’apparaissent pas en tant que telles sur le Hype Cycle du Gartner. Et pour cause. Comme dans d’autres fonctions et process des organisations, elles s’insinuent en réalité dans toute la panoplie d’outils à disposition des équipes d’exploitation et d’administration des infrastructures. Les techniques d’IA visent à « améliorer la productivité des équipes et accélérer la prise de décision, l’efficacité de l’automatisation du développement et la précision des actions prises », résume le Gartner. « Les responsables de l’infrastructure et des opérations se tournent de plus en plus vers l’analytique basée sur l’IA et la prise de décision augmentée, y compris l’automatisation intelligente, ajoute Chris Saunderson, senior director analyst chez Gartner dans le rapport, pour améliorer la résilience et la réactivité opérationnelles, faire face à la complexité et traiter des quantités de données de plus en plus importantes grâce à l’automatisation ».
Le cabinet d’étude liste quatre raisons majeures à cet engouement pour l’automatisation des process côté IT : la nécessité de faire évoluer facilement et rapidement l’activité de l’organisation (automatisation et orchestration applicative) ; l’inadaptation des méthodes classiques à l’administration d’infrastructures IT hybrides ; la nécessité d’une ingénierie logicielle de plateformes pour répondre aux besoins en self service, sécurité, conformité et réduction des coûts ; le besoin de nouvelles approches d’identification de compétences liées à la performance et à la fiabilité du SI.
La réticence des informaticiens à devenir polyvalents
Pour le Gartner, parmi les technologies au réel potentiel transformatif d’ici 2 à 5 ans, on trouve l’hyper-automatisation, l’observabilité, l’ingénierie de plateforme, mais aussi les solutions natives GenAI. Des outils écrits et pensés à partir de l’IA générative. Outre leurs capacités natives à exploiter des LLM, ils promettent un niveau d’autonomie plus élevé des outils. Comme le relève le cabinet, cette tendance risque cependant de rencontrer quelques obstacles, parmi lesquels une possible déception face aux attentes très élevées, mais surtout une réticence majeure des équipes IT. « De nombreux informaticiens obtiennent un poste ou un statut du fait de leurs compétences et de leur expertise dans des domaines fonctionnels, rappelle le Gartner, et ne souhaitent sans doute pas se retrouver avec une fonction plus polyvalente ».
Le Hype Cycle 2024 du Gartner souligne l’intérêt des entreprises pour les solutions d’automatisation destinées au pilotage de l’infrastructure et des opérations IT et réseaux. (Source : Gartner)
Le cabinet d’études rappelle d’ailleurs, plus généralement, que l’automatisation par l’IA change aussi profondément les rôles des équipes infrastructures et opérations. Il cite l’exemple des fonctions support qui pourraient passer plus de temps dès 2027 à dialoguer avec des IA qu’avec les utilisateurs.
Automatiser la gouvernance et la conformité
Parmi les technologies poussant l’automatisation et apparaissant en hausse sur la courbe des attentes, le policy as code (PaC), un ensemble de langages capables d’exprimer les règles de gouvernance et de conformité sous forme de code. De plus en plus matures, ils restent souvent spécifiques au domaine et s’appuient sur de la donnée déclarative. Les règles de gouvernance ainsi transformées en logiciel s’appliquent plus rapidement « sous réserve du contrôle de version, de la revue de code et des tests fonctionnels ». Gartner souligne l’importance cruciale du PaC à l’heure où les équipes infrastructures ne bâtissent quasiment plus jamais directement ces dernières, mais ont la responsabilité de leur optimisation, de leur gouvernance et de leur conformité. « C’est le pipeline d’automatisation le plus mature », selon le cabinet. Les impacts sur l’activité sont assez évidents : conformité, transparence, auditabilité,
De l’autre côté du sommet du Hype Cycle, on trouve le DevSecOps et la livraison logicielle continue (cycles de développement et de test courts). Leur maturité en fait désormais un outil indispensable pour les équipes infrastructures et opérations. Ce n’est pas le cas de la définition de priorités pour les vulnérabilités (VPT) supplantée, comme le note le Gartner, par des approches CTEM (continuous threat exposure management), un cadre de travail plus fin et efficient qui corrèle vulnérabilités, menaces et actions de protection.